Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Août 1915 303° S. P. 112 renseignée

A mon frère Phébus Ravel, Sergent mitrailleur    

« Sur les reins vigoureux du mulet nonchalant

Qui gravit le sentier abrupt et granitique

La mitrailleuse va, telle une reine antique,

Son escorte la suit de son pas indolent.

Leur mousqueton au dos sur la toile de tente,

Les mitrailleurs s'en vont aux postes avancés,

Malgré Noël qu'on fête et les chemins glacés,

Embusquer au créneau la frêle combattante.

Halte le muletier ! On décharge le bat,

Car voici le boyau zigzagant vers la crête,

C'est ici pour l'instant que la France s’arrête

Et que depuis l'avril, on s'égorge, on se bat.

Tournant les pare-éclats, tireurs, chargeurs, bons drilles

Pourvoyeurs aux doigts gourds, aux visages gercés

Cheminant en les flancs des prés bouleversés

Par les gros crapouillots et les lourdes torpilles

Ils arrivent ! L'abri regorge de bidons,

D'armes, de couvre-pieds, de musettes boueuses

Où viendront banqueter les souris maraudeuses

Avides de festins et de doux édredons.

La nuit plane sur nous, glaciale et sans lune

Mais le vieux Mars poursuit le colossal duel

Bien que ce soit l'hiver et que ce soit Noël

Que l'on chante là-bas au fond de la nuit brune...

Ecoutez au lointain les jolis carillons

Du vieux clocher lorrain quelque part sur la Meuse...

Notre cloche 0 Noël, c'est notre mitrailleuse

Noël ! Le vent du soir pleure dans les sillons. »

 

Des tranchées, 25 décembre 1915 :

Sirius Ravel.

 

Tag(s) : #Guerre 1914 - 1918, #famille
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :