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Les voiture à Etoile sur Rhône (Drome)
Aujourd’hui, hélas rien ne subsiste des brochures du théâtre Ravel et des documents de mise en scène. Seul le recueil des certificats de bonne conduite, délivrés par les autorités municipales à l’occasion du passage de la troupe, ainsi que quelques affiches annonçant les représentations sont arrivés jusqu’à nous . Un seul contrat d’engagement a été conservé collé sur les pages rédigées par Orion Ravel à partir des notes de son père Lazare. Dans le recueil des certificats se trouvait une liste des oeuvres du répertoire approuvée le 24 octobre 1884 par la Préfecture des Basses Alpes (aujourd’hui Alpes de Haute Provence)
Il en est de même pour tous les documents qui régissaient la vie de la troupe (recettes, dépenses, paie des acteurs et figurants, contrats d’engagement des artistes, etc.) qui nous auraient permis de mieux comprendre le fonctionnement d’un théâtre ambulant. Pour le répertoire théâtral, il est néanmoins possible d’en reconstituer une importante partie à partir de la liste de 1884 et du récit des mémoires de Lazare Ravel qui fait souvent référence aux œuvres interprétées. On peut constater que les œuvres sont, dans leur majorité, aujourd’hui complètement désuète et ont disparu du répertoire théâtral contemporain. Même s’il est possible d’en retrouver certains des auteurs, il est aussi probable que les artistes prenaient de larges libertés dans l’interprétation des œuvres par rapport à la brochure originale.
GENRES LITTERAIRES DU REPERTOIRE THEATRAL
Avant de dresser la liste des œuvres du répertoire du Théâtre Ravel, il est nécessaire de rappeler le contexte historique et social de l’époque (1867/1914). Délimité par les deux grandes fractures de la Révolution française et de la première guerre mondiale, le « XIXe siècle et le début du XXe siècle » furent une période de mutations profondes de la société. A la multiplication des régimes politiques ― Révolution, Directoire, Consulat, Premier Empire, Première Restauration, les Cent-Jours, Seconde Restauration, Monarchie de Juillet, Deuxième République, Second Empire, Troisième République ― correspond la transformation d’une société rurale ou aristocratique en une société urbaine et bourgeoise, au développement de la classe ouvrière et de la conscience sociale, à la montée de l’anticléricalisme et à l’arrivée du «progrès » offert à tous par la popularisation des découvertes scientifiques et l’industrialisation des fabrications. Au théâtre la Révolution impose un répertoire totalement nouveau s’adressant davantage au peuple qu’à une élite cultivée. Les sujets galants et les bergeries laissent la place à la célébration des héros et des victoires de la République. Tout le répertoire ancien disparaît et les acteurs ne donnent plus que le vaudeville et le drame. La défaite de 1870 et l'augmentation du lectorat féminin amènent de nouvelles attentes narratives celles de personnages et de situations ancrées dans le réel. Comme l'explique Yves-Olivier Martin, "La recherche de la toute puissance dégénère dans la possession d'une femme ou la conquête d'une situation". Le récit incantatoire et semi-féérique cède la place au roman de mœurs conformiste, l'adultère et l'erreur judiciaire succèdent à la fresque sociale.
C'est le "roman de la victime" : orphelins en quête d'un foyer (Les Deux orphelines de d'Ennery, Sans famille d'Hector Malot), femmes séduites et abandonnées (Chaste et flétrie de Charles Mérouvel) et victimes de l'injustice (La Porteuse de pain de Xavier de Montépin), patrons faussement accusés (Roger la Honte de Jules Mary, Le Maître de forges de Georges Ohnet). La critique sociale est absente, seuls comptent l'apparence et l'honneur du nom. Ces textes se veulent gardiens de la morale : travail, famille (valeur fondamentale !), religion. Le crime capital est l'adultère de la femme ; quant à l'homme qui commet cette "folie passagère", il est généralement pardonné. Cependant d'autres genres littéraires s'affirment sans être prédominants : la littérature exotique et d'aventures (comme les œuvres inspirés de la conquête de l’ouest), le roman égrillard (Adolphe Belot) ou comique (Paul Vibert, Chavette, Eugène Mouton.
Voir le répertoire du théâtre RAVEL.